Les vestiges du Néolithique

Les ateliers de taille

Le silex extrait du sous-sol de Spiennes était remonté en surface où il était taillé. La quantité incalculable de silex qui jonche le site est le résidu de cette activité.

Ces ateliers, où le silex était travaillé, ont été pour la plupart démantelés et dispersés par des siècles de labours. Certains ont été partiellement conservés dans le comblement de la partie supérieure des puits, où ils ont été piégés. Des fouilles récentes ont aussi montré que le sous-sol de Spiennes recelait encore par endroits des ateliers de taille préservés intacts depuis des millénaires. De telles découvertes ont été réalisées en 1965 et 2005 au Camp-à-Cayaux et en 2011 à Petit-Spiennes.

Les structures d’extraction du silex

La couche superficielle de silex masque l’emplacement de très nombreuses minières creusées pour l’extraction du silex. En l’état actuel de nos connaissances, ces exploitations se rencontrent sur 40 à 50 ha et leur nombre pourrait s’élever à 15 000- 20 000 unités.

Les méthodes d’exploitation

Comme le silex est, en certains endroits, profondément enfoui dans le sol (notamment au cœur des plateaux), la technique minière consiste à creuser un puits étroit et vertical qui permet d’atteindre la (ou les) couche(s) de silex recherchée(s). Une fois le silex rencontré, de courtes galeries de quelques mètres de long vont être creusées pour son exploitation à l’aide de pics en silex ou en bois de cerf.

Seul le silex de bonne qualité va être remonté en surface. Les autres déchets d’exploitation – la craie mais aussi les rognons de silex inadéquats – seront stockés en sous-sol dans les zones déjà exploitées, si bien que loin d’être vides à l’issue du chantier les galeries en sous-sol sont souvent entièrement comblées à l’exception de la dernière galerie creusée.

Là où le silex est plus proche de la surface, des techniques plus simples de creusement – à ciel ouvert – ont été mises en œuvre.

Les minières profondes du Camp-à-Cayaux

Les minières situées sous le Centre de Recherche archéologique du SPW au Camp-à-Cayaux s’enfoncent jusqu’à près de 15 et 16 m de profondeur. Elles ont permis l’exploitation d’un banc de silex constitué de dalles épaisses de très grandes dimensions. Celles-ci peuvent mesurer jusqu’à 2 m de long, 1 m de large et 30 cm d’épaisseur. Pour l’atteindre les mineurs ont creusé au travers des mètres de terrain et de nombreux bancs de silex. Chaque minière permettait l’exploitation d’une surface de 40 à 50 m² en sous-sol.

Ces exploitations sont remarquables par la technique mise en œuvre par les mineurs du Néolithique moyen (Culture de Michelsberg), aux alentours de 4200-3850 ans avant notre ère (GrA-46577 : 5200± 45BP). Les galeries sont creusées sous les dalles de plusieurs centaines de kilos et ces dernières sont arrachées au toit des galeries. Le travail s’effectue donc en sous-œuvre. L’hypothèse de l’utilisation d’une technique spécifique dite du foudroyage a été proposée.

Le foudroyage

La technique du foudroyage proposée par F. Hubert pour les minières du Camp-à-Cayaux consiste à enlever la craie sous la dalle de silex en réservant un muret porteur au centre. Des étançons en bois sont ensuite placés de manière à maintenir le bloc en place. Le muret est alors abattu, les étançons sont arrachés à l’aide de cordes et la dalle s’affaisse sous son propre poids.

A lire sur les minières du Camp-à-Cayaux

http://www.minesdespiennes.org/blog/wp-content/uploads/2013/02/Hubert-1978_AB-210.pdf

Les minières de Petit-Spiennes

Les minières situées sous le SILEX’S à Petit-Spiennes ont été fouillées par la Société de Recherche préhistorique en Hainaut. Un total de 100 m² a été dégagé entre 1953 et 2010. Elles sont profondes de 8 à 10 m. Seules les couches de silex situées au sommet de la craie, donc les plus accessibles, ont fait l’objet d’une exploitation. Deux bancs constitués de rognons de silex de maximum 30 à 60 cm de côté ont été extraits si bien que les galeries peuvent mesurer par endroits 1,40 m à 1,80 m de haut. Deux de ces minières datent de la période Michelsberg aux alentours de 4050-3700 ans avant notre ère (Oxa-8874 : 5160±45BP et Lv-1598 : 5100±65 BP). Une troisième est quelques siècles plus jeune et remonte au Néolithique récent aux alentours de 3500-2900 ans avant notre ère (Lv-1599 : 4490±100 BP).

A lire sur les minières de Petit-Spiennes

http://www.minesdespiennes.org/blog/wp-content/uploads/2013/12/Gosselin-1986_lt2.pdf

Le village à enceinte

Un village contemporain de l’exploitation minière a été installé aux alentours de 4000 ans avant notre ère sur le sommet du plateau à Petit-Spiennes. Sa position en hauteur permettait aux habitants de contrôler visuellement les alentours. Depuis son emplacement, on voit en effet à des kilomètres à la ronde, notamment en direction du sud.

Le village d’une superficie de 14 ha est entouré par deux larges fossés concentriques à fond plat de 2,5 à 8 m de large et de 1,3 à 2,5 m de profondeur qui s’interrompent du côté ouest, là où la pente est la plus abrupte. La terre extraite de ces fossés a servi à la construction de levées de terre adossées aux fossés. On ne sait pas si ce dispositif s’accompagnait d’une palissade, un élément assez courant dans les sites de même type et de même période. Ici, aucun indice archéologique ne permet d’en attester l’existence.

L’espace interne n’a pratiquement pas été exploré si bien qu’à ce jour on ignore si des traces de bâtiments ou d’autres types de vestiges sont présents à l’intérieur de l’enceinte.

Quels sont les arguments des archéologues pour affirmer qu’il s’agit d’un village ?

Bien que jusqu’à présent aucune maison n’ait été mise au jour, les détritus de la vie quotidienne découverts dans les fossés (fragments de céramique, outils en silex et en grès fracturés, déchets de taille et ossements d’animaux domestiques) comme les analyses de l’environnement montrant la présence de pâtures et de champs à proximité indiquent qu’il s’agit très probablement d’un habitat.

Les sépultures

Des squelettes humains ont été mis au jour à Petit-Spiennes dans des puits d’extraction du silex lors des fouilles récentes (puits ST6 et ST11). Ces individus ont été déposés dans les puits au moment de leur remblaiement. Ces découvertes ont permis de reconsidérer une série de trouvailles anciennes d’ossements humains effectuées à Spiennes. Tous (à une exception près) sont datés du Néolithique et sont contemporains de l’exploitation du silex sur le site. Le contexte archéologique – localisation des squelettes dans les couches postérieures à l’exploitation de la mine – permet d’écarter le fait qu’il puisse s’agir d’accidents miniers. L’explication la plus vraisemblable est l’utilisation des puits abandonnés comme lieu de sépulture. L’échelle des fouilles ne permet pas à l’heure actuelle de préciser si cette pratique était occasionnelle ou habituelle. Jusqu’à présent aucun cimetière néolithique n’a été mis au jour sur le site.

Découvertes